Forum Arkhan

Le Holoring de Ronce trilla doucement.
Ce dernier ne fit pas un geste pour savoir qui l'appelait, de quoi il en retournait.
Il continua à regarder vaguement le paysage en faisant couler entre ses doigts du sable.
Il était pas mal installé, là, adossé aux premières dunes. Le soleil se levait, éclairant doucement le site, en révélant touche par touche la beauté un peu sauvage, un peu âpre.
Puis tout fut terminé.

Ronce ramassa son Holoring, prit connaissance du message de la Fouine, sourit étrangement, puis remisant l'artéfact, il se remit à l'ouvrage.

Depuis deux jours, il déplaçait toutes les pierres, tous les cailloux qu'il trouvait et les entassait là, sur ce petit bout de rien au bord du grand vide.
Un cairn. Un cénotaphe antique et païen. Voilà ce qu'il construisait.
Et pour que nul n'ai de doute sur la signification de l'ouvrage, avec les cailloux amassés, il traça les termes suivants tout autour :

Ici demeure l'Ancien ronce

Son ouvrage terminé, il se rassit, le soleil se couchant dans son dos et regarda le panorama s'éteindre.
Le holoring de Cosmophile le toucha là.

Salut Ronce,

Les Alchimistes (futurs ex-Alchimistes) viennent de m'apprendre que tu leur as envoyé un message d'adieu.

Qu'est-ce que ça signifie ? Tu ne vas tout de même pas nous laisser tomber maintenant ? Tu ne vas quand même pas faire des bêtises, dis ?

Même si tu es un peu déprimé en ce moment, ça ne peut que s'arranger avec le temps, hein.

Tout le monde serait bien rassuré si tu nous donnais des nouvelles et si tu nous revenais vite.

Cosmophile

Ronce hésita, puis répondit, d'un ton las et lointain :

Ah, Cosmophile,

Comment tu vas ?

Ouais, moi, c'est ... pas ça, on va dire.
' tout foiré.
Maintenant, que tout est arrangé, ... vous avez plus besoin de moi, non ?
Vous vous en sortirez très bien, tous. Mieux que moi en tout cas.
Moi, j' vais prendre des vacances, de longues, très très longues vacances.
Ah moins que ... non, je crois même pas.

Ah, une dernière chose : Andrade et toi, arrêtez de vous tourner autour. Vous perdez du temps.

Adieu.

Puis il éteignit son Holoring et s'enfonça dans l'obscurité des collines.

Dernière modification par Ronce (02-04-2010 14:01:14)

Comme les autres Sèneçons, Andrade fût mise au courant de la disparition volontaire de Ronce.

Elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer, les dernières rumeurs qu'elle avait entendues semblaient pourtant dire qu'il avait demandé Lyphanie en mariage.
Ronce avait de nombreuses qualités et pouvait être considéré comme un bon parti, du moins d'après les critères que lui avaient enseignés sa mère. Mis à part peut-être l'alcool, mais Ronce ne semblait tout de même pas alcoolique !

Toujours est-il que dans un élan de romantisme fleur-bleue comme elle les aimait, elle se décida à tirer tout ça au clair.
Et pour cela, il fallait déjà retrouver Ronce !

Dernière modification par Andrade (02-04-2010 22:18:50)

Cosmophile venait de terminer de préparer une surprise pour Andrade, quelque part dans une auberge d'Yvregrain la décrépite, quand il reçut le message de La Fouine lui donnant des nouvelles inquiétantes de Ronce. À vrai dire la nouvelle ne le surprit qu'à moitié, car sur le route de Stella à Yvregrain il avait entendu dans plus d'un village ou hameau des rumeurs sur un « archer gris » à l'air désespéré lançant des prophéties toutes plus dramatiques que les autres sur la coterie des Alchimistes et sur son propre avenir. Il ne pouvait s'agir que de Ronce. Le message de La Fouine venait le confirmer.

Cosmophile envoya aussitôt une série de messages aux Séneçons et aux Alchimistes qu'il savait être dans la région. Pour savoir si quelqu'un avait plus d'informations, voire une piste tangible, et pour organiser des recherches. Puis il entreprit de contacter Ronce directement. Peut-être lui répondrait-il, peut-être pourrait-il être réconforté et ramené à la raison. Cosmophile craignait vraiment que dans son état Ronce ne commette un acte irréparable, comme un suicide, un abandon à la folie ou une conversion à la vie monacale.

Il envoya un petit message et obtint une réponse qui confirmait encore, s'il était besoin, que le petit père Ronce filait un mauvais coton (et puis d'abord qu'est-ce que c'était que ces sous-entendus à propos de Cosmophile et Andrade ?). Il fallait absolument parvenir à le trouver. Seule une discussion de visu permettrait peut-être de lui remettre l'esprit en place et la cervelle à l'endroit. Il lui envoya un nouveau message.

Allons ! Tu te laisses abattre, là !
Bien sûr qu'on a besoin de toi dans la coterie. Pour continuer de découvrir le vaste monde et établir d'autres grands projets.
Et avec qui Kriss va-t-il se saouler maintenant si tu disparais, hein ?
Allez, dis-moi donc où tu te trouves et je te rejoins. Il faut qu'on parle de tout cela face à face.

Cosmophile n'était pas certain de recevoir une nouvelle réponse.

"Pfff, pourquoi les grands ils disent qu'il faut qu'on trouve Ronce ? C'est un grand, Ronce. Moi y'a jamais personne qui me cherche, ça va faire pareil que dans les maisons bizarres dans le désert... En plus y'a des trucs qui font du bruit dans les herbes, kssss, ksss, ksss vous même."

Florane grommelait en se baladant dans les montagnes.

Ronce essayait une nouvelle fois son "embarcation" quand il entendit Cosmophile l'interpeller.
Il se retourna, regarda avec des grands yeux son ami quand un noeud mal assuré lacha dans un "tchang" discret. Aussitôt, les rondins commencèrent à s'écarter. Rapidement, Ronce se retrouva à faire le grand écart entre deux et finit par tomber à l'eau dans un grand plouf, provoquant l'hilarité générale des enfants qui le comptemplaient depuis la rive.

Il rattrapa en nageant les différents troncs qui flottaient alentours, les rammena vers la rive où de nombreux gamins les remontèrent dans un chaos bon enfant. Puis, tout mouillé, Ronce se rapprocha de Cosmophile et lui répondit :

"Ben, tu vois, je fabriques un radeau ! "

Devant l'air interloqué du "chef" des Séneçons, l'archer gris essaya de s'expliquer, s'embrouillant encore plus.

"Tu vois, je me suis dit, que, vu que, Lyphanie, elle m'aime pas, j'allais partir loin, loin, très loin. Et là, je me suis retrouvé face à la mer. Et là, ben, j'ai scotché. C'était tellement beau. Et puis j'ai eu envie de savoir ce qu'il y avait là-bas, plus loin, de l'autre côté. Et comme on peut pas nager loin, je le sais, j'ai essayé et c'est fatiguant et y a des sales trucs qui tournent dans l'eau avec une espèce de triangle qui dépasse de l'eau, que quand tu les vois, t'as l'impression que t'entends des tambours qui font tada tada tadatadatada, et que tu te sens pas à l'aise, bref, comme tu peux pas nager loin, je me suis dit, après un moment d'abattement, que j'allais utiliser la corde pour construire une embarcation, un radeau. Sauf que dans la mer, pour faire des essais avec les trucs à triangles, ben c'était pas glop. Donc je suis venu ici où y a une joli rivière et les gens sont sympas. Comme ça, quand je serais au point, je recommencerais mais pour de vrai à la mer ! "

Visiblement, cette tirade déconcertait plus Cosmophile qu'elle n'expliquait l'étrange comportement de Ronce. A la décharge du rodeur, faut bien convenir qu'un Ronce trempé, s'agitant dans tous les sens avec autour de lui une troupe de gamins l'invitant à recommencer son spectacle d'acrobatie sur l'eau, ben y avait de quoi rendre perplexe bien des gens.
Ronce, voyant qu'il n'arriverait à rien, abandonna tout, prit Cosmophile par la manche et l'attira vers l'auberge toute proche.

"Bon, viens, je vais tout te re-expliquer avec une bonne bière ! Tu veras, cette auberge, elle est formidable. Ils ont un violon qui pleure, c'est superbe, c'est beau à se jeter à la rivière. Romantique à souhait, faudra que t'emmène Andrade en tête à tête. Et en plus, si vous arrivez à enlever vos vetements avant de vous jeter à la rivière, ce sera déjà ça de gagné. Enfin, moi, j'ai pas réussi. Enfin, je m'embrouille. Donc, je te ré-explique : paf, la mer, trop bien, envie de ....."

La soirée s'annonçait rude pour Cosmophile si Ronce continuait sur sa lancée. Pour un dépressif, il parlait un peu beaucoup !

Dernière modification par Ronce (08-04-2010 16:48:33)

On avait retrouvé Ronce et il était à Valrivel.
Quand la nouvelle lui était parvenue par Holoring, La fouine était à Seurac avec Sonic. Il avait éprouvé un profond soulagement et une grande joie.

'Tain! Sont fort ces sèneçons quand même....

La décision de rejoindre Ronce et les Séneçons à Valrivel n'avait soufferte d'aucune contestation.
Ils étaient déjà prêt à partir.
Sonic ouvrait la voie, pendant que le jeune voleur suivait à quelques minutes d'intervalle.
La route était dangereuse, il fallait être prudent.

Le piaf, lui, voletait d'arbre en arbre tout en suivant son compagnon de toujours. Il lachait parfois quelques pépiements pour avertir La fouine de la proximité d'une bête sauvage.
A quelques lieues de Valrivel, lorsqu'il parut évident que le chemin était dégagé,  l'oiseau prit son envol et partit à tire d'aile en direction du village.
Sur la fin de sa course, Le piaf semblait avoir présumé de ses forces tant sa trajectoire était erratique.
Il parvint à se poser tant bien que mal sur l'enseigne de l'auberge locale d'où s'échappait les accords d'un violon et d'une harpe.
De surprise, l'oiseau faillit chuter de son perchoir improvisé,  lorsque les portes l'auberge s'ouvrirent à la volée et laissèrent surgir une sorte de fou furieux qui fila se jeter dans la rivière en beuglant.