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Salutations !
Je me nomme Yokinoss et prépare une grande expédition allant de Six-Fleurs jusqu'au Belerim.
Ce voyage a plusieurs buts, il s'agit d'abord d'une aventure, une quête personnelle. Mais joignant l'utile à l'agréable, il va sans dire que de nombreuses informations seront récoltées durant ce périple. Toutefois, étant contraints de répondre à certaines obligations physiques, je recherche des partenaires pouvant m'aider à pallier ces contraintes. Ces mêmes partenaires seraient alors les premiers à profiter de toutes les notes concernant les observations prises durant ce voyage.
Je suis joignable à tout moment via holoring ou par dépôt de message personnel en ce lieu. Je suis ouvert à toutes propositions de partenaraits mais aussi de compagnons de voyage.
Mon départ se fera dès que le matériel adéquat sera réuni.
Aventureusement vôtre, Yokinoss.
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Yoki regarda son affichette. Elle semblait perdue au milieu des autres. Comment attirer plus de monde ? Arracher les autres annonces autour ? Nan, tout l'indiquerait comme étant la coupable.
Il fallait viser plus haut, viser quelqu'un qui avait du pouvoir, qui avait des moyens. Et qui avait les moyens ? Le doyen...
Accepterait il de l'écouter ? De la rencontrer ? Mmmmh... Yokinoss croisa son reflet dans une vitre. Sale, couverte de poussière, des peaux de bêtes sur elle. Sans parler de l'odeur chaude et moite qui lui collait à la peau. Non, aucun moyen...
Par contre, une lettre pallierait aisément à ce désavantage. Elle partit droit dans une taverne, attrapa le patron et commanda cidre, papiers, encre et plume. S'installant dans un coin de la pièce, elle s'attela à son travail.
Non, ce mot n'allait pas. Et celui ci faisait trop pompeux. Cette phrase était mal tournée. Celle ci semblait trop impérieuse, elle ne devait rien exiger. Une rature, tout à recommencer. Vérifier l'orthographe de ce mot...
Plusieurs heures plus tard, elle contempla d'un oeil satisfait l'unique fruit de son labeur. Des boules de papier jonchaient la table et le sol autour d'elle. L'encrier était presque vide et la plume raccourcie. Mais elle avait réussi. Laissant tout en plan, elle posa sa lettre sur le bar avec un denier.
_ A transmettre au doyen ! Et je vous prend une chambre pour la nuit ! Avec un bain !
L'eau chaude l'aida à se détendre et de faire le point sur son projet. Si le doyen acceptait de l'aider, elle aurait suffisamment de moyen pour mener à bien son expédition. Après tout pourquoi refuserait il ? N'avait elle pas exagérément mis en avant les intérêts floraliens ? Que de jolis mots elle avait utilisé ! Elle relut mentalement la dernière version de sa lettre.
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Salutations Doyen !
Je me prénomme Yokinoss, jeune voyageuse de mon état. Je suis l'instigatrice d'un grand projet d'exploration reliant Six-Fleurs au Belerim.
Le but premier de ce voyage est d'établir une carte fiable reliant les deux capitales. Cette carte, une fois établie, pourrait être distribuée à tous les citoyens le désirant, selon les modalités qui vous sembleront les plus appropriées.
L'autre but de ce voyage est scientifique : il vise à répertorier le maximum d'espèces animales et florales rencontrées sur le chemin. Nul doute que les talents alchimiques de notre République bénéficierait énormément d'une telle banque de données.
Le commerce également, si une route sûre est établie, progresserait notablement entre les deux pays. Les principales retombées concerneraient essentiellement les villages locaux, répartis le long de l'axe routier.
Toutefois, tout cela ne peut être sans la réussite de l'expédition. Et c'est afin d'assurer de meilleures chances de succès que je vous contacte. En effet, les participants à cette expédition aurons besoin d'équipement, et, bien que nous pourrions le réunir par nous mêmes, votre soutien nous dispenserait de ces retards inutiles.
Enfin, outre ces bénéfices matériels, il s'agit aussi d'une aventure personnelle, un défi que nous relèverons grâce à notre état d'esprit. Comme nous l'a appris une citoyenne chère à notre république : "La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter." Relever ce défi est prouver à nous mêmes tout comme aux autres nations que nous sommes capables de grands actes, qu'un système démocratique tel que le nôtre est capable d'entretenir l'épanouissement de ses concitoyens.
Les défis nous font découvrir sur nous-même des choses que nous ne soupçonnons pas. C'est ce qui nous grandit et nous pousse au-delà des limites. En espérant que vous répondrez favorablement à cette demande, veuillez recevoir, cher doyen, mes sincères respects.
Yokinoss.
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Non, cela collait parfaitement avec l'image qu'elle voulait donner : une citoyenne amoureuse de sa République et de ses valeurs.
Après, le fait qu'elle s'en fichait totalement et ne faisait cela que pour avoir les moyens de réussir son rêve, c'était autre chose...
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Ronce, dans une bourgade éloignée de Six-Fleurs, avait eu vent du projet d'une demoiselle nommée Yokinoss : rejoindre Bélerim depuis Six-Fleurs sans emprunter les aéronefs.
Le jeune archer sourit en se souvenant d'une époque pas si lointaine où avec son compagnon Van Talis, il avait conçu le projet inverse : quitter le chaos des Grandes Joutes de Belerim pour retourner à Six-Fleurs.
Las ! La réalité des animaux sauvages et des chemins se perdant sans espoir dans les forêts les avait renoncer. Mais depuis leurs explorations avaient avancées et une expédition de ce type intéressait les Alchimistes.
Aussi Ronce décrocha-t-il son Holoring et contacta la dénommée Yokinoss. Une expédition d'exploration entre Six-Fleurs demandait de l'organisation et une préparation minutieuse et Ronce se demandait ce que la jeune femme avait en tête.
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Descendant l'escalier d'un pas plutôt léger, merci le bain et le lit, Yokinoss salua joyeusement le tavernier. Celui ci lui répondit par un signe de tête et un sourire.
_ Une assiette de potée avec de la viande s'il vous plait, je meurs de faim !
_ Tout d'suite, mam'selle !
La jeune femme se mit à table et entama son repas avec appétit. Même bien accommodé avec des herbes sauvages, le blaireau était quelque peu fade. Et la corneille franchement dégueulasse. Mieux valait manger des racines.
Un homme en livrée postale apparut dans l'auberge. Il tenait une lettre à la main. Il héla le barman et celui ci lui répondit par un sourire et un signe de tête en direction de la rôdeuse.
_ Citoyenne Yokinoss ? L'homme semblait fatigué, un air lassé dans sa voix. Il loucha sur l'assiette devant lui.
_ Ch'est moi !
_ Lettre du doyen à votre égard. Bon appétit ! Il se retourna et alla au comptoir en indiquant la table qu'il venait de quitter. Patron, la même !
Yokinoss observa le patron répéter son sourire et son signe de tête tandis qu'elle empoigna la lettre. Examinant quelques secondes le sceau floral représentant le Doyen, elle le brisa et ouvrit la lettre.
Très chère Floralienne !
Je suis tout à fait enjoué à l'idée que vous ayez décidé de partir à l'aventure et d'accomplir par la même une quête initiatique personnelle. C'est tout à votre honneur et le sujet n'en est que plus passionnant. Votre sens de la découverte est souvent réservé à des scientifiques ou des archéologues, et je salue ainsi votre initiative et votre professionnalisme. Le fait que vous pensiez orienter vos pérégrinations sur la recherche, l'étude et les rapports diplomatiques Floraliens me touche vraiment. C'est une attention toute particulière et je suis très heureux que vous puissiez la partager avec moi à ce jour.
Cependant, un voyage reliant notre charmante cité à la lointaine capitale Belerine n'est pas sans dangers. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il vous faudra endurer la rudesse du climat, partant de notre belle ville tempérée pour ensuite traverser le désert immense et gravir les glaciales montagnes du Fléau.
Qui plus est, outre le climat difficile, vous devrez appréhender la peur dans un milieu hostiles, carnassier. La faune que vous risquez de rencontrer est des plus inamicales, des plus dangereuses. Je ne pense pas tout connaître du monde qui nous entoure, mais j'ai entendu que nombre de bêtes féroces se terraient dans les ruines au milieu du désert de cristaux, et que les vents violents colportent de sinistres cris lorsqu'on s'approche trop près des montagnes.
Aussi, vous demanderais-je de réfléchir quant à votre périple.
Loin de moi l'idée de penser que vous n'en êtes pas capable, mais je vous demande simplement de l'ajourner, ou au moins de prendre le temps de mûrir votre projet.
Quand à l'investissement nécessaire à une telle aventure, je ne saurais que trop vous conseiller de vous rapprocher des coteries Floraliennes qui ont déjà reçu une aide financière de ma part, ou de celles qui sont à même de financer une expédition de cette envergure, tout en ayant toute connaissance du danger qu'elle représente.
Au plaisir d'avoir de vos nouvelles.
Katastrophès
_ Mais quel raaaaadin !
La "très chère floralienne" froissa la lettre avant de retourner à son assiette. Elle jeta un regard noir aux deux hommes qui la regardait d'un air outré. Elle ne perdit même pas de temps à leur répondre quoi que ce soit, elle se vengea sur sa potée.
Alors comme ça il ne voulait rien donner ? Qu'avait il dit déjà ? Contacter les coteries ? Moui, ce n'était pas bête. Mais ça allait la retarder d'encore pas mal de temps...
BIPIPIPIPIPI ! BIPIPIPIPIPI !
Encore ce truc ? Elle farfouilla son sac jusqu'à trouver l'holoring. Un visage jeune, aux cheveux blancs lui apparu.
_ Bonjour Yokiinoss,
Je me présente : Ronce, je suis actuellement à la tête des Alchimistes Républicains. Vous avez peut-être entendu parler de moi ou peut-être pas, c'est sans importance.
Ce qui a de l'importance, c'est votre projet : rejoindre Belerim.
Noble projet, plus que la destination d'ailleurs.
J'ai été à Belerim, à l'occasion des Grandes Joutes : une ville d'assassins, de soldats, de voleurs. J'y suis allé par Aéronefs, puis ces derniers étant bloqués, j'ai tenté avec un camarade de revenir à pied, pour fuir le chaos.
Las, c'est une entreprise très difficile, quasi impossible. Les chemins se perdent dans la forêt et les bêtes sauvages sont ... dangereuses.
De plus, j'ai depuis quelques temps la quasi certitude que Six-Fleurs est séparé de Belerim par un océan.
Votre entreprise me paraît donc vouée à l'echec mais elle m'interesse néanmoins. Car je pense qu'il existe des moyens de rejoindre d'autres villes, d'autres ports peut-être même d'autres continents. Mes compagnons des Alchimistes républicains et moi-même y travaillons sérieusement, nous explorons méthodiquement les environs même lointains de Six-Fleurs.
Aussi je vous propose soit de vous joindre à nous pour rechercher ensemble un passage, soit mon aide ainsi, peut-être que celle de certains de mes camarades pour votre entreprise.
Expliquez moi quels sont vos desirs, quels sont vos besoins et nous verons comment mettre sur pied votre grand projet.
Yokinoss en resta sans voix. Un dirigeant de coterie venait lui parler. Et pas n'importe quelle coterie, la coterie des Alchimistes Républicains, une des plus prestigieuse des coteries de la République.
_ Oh... euh... hé bien, Yoki se remémora ce que ce personnage venait de lui dire. Son admiration se mua en colère. Vouée à l'échec ? Mais vous me proposer quand même votre aide ? Vous avez une drôle façon de motiver les gens vous ! Elle ne lui laissa pas répondre et enchaina : Mes désirs sont de parvenir à établir une route vers le Belerim, tout en cartographiant les environs et en répertoriant les espèces animales et florales que je rencontrerai. Mes besoins consiste pour l'instant en un équipement plus en adéquation avec ce voyage ainsi qu'un fond monétaire me permettant de passer outre la chasse comme seul moyen de monnayer ma nourriture !
La jeune fille était fière et cela s'entendait dans sa voix, même dans sa posture noble, ironiquement recouverte par des vêtements usés et des peaux de bêtes.
_ Vous seriez à même de me fournir cela ? Que demanderiez vous en échange ?
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Ronce vit avec un certain amusement la jeune femme s'énerver. Ah l'impétuosité de la jeunesse ! Il avait connu ça, lui aussi, il n'y a même pas si longtemps, pensa-t-il avec une certaine nostalgie. Puis se reprenant, il répondit, calmement.
Vous motiver ? Non, je cherche pas à vous motiver, je vous expose les difficultés de votre entreprise et ses dangers mortels. Si je ne le faisais pas, je vous laisserais vous suicider. Mais comme je pense que vous êtes une jeune femme têtue, vous passerez outre mes conseils et mises en garde, d'où ma décision de vous aider et de vous accompagner.
mais mettons les choses au point : ne pas chasser se révélera impossible. Cette expédition réclame des moyens, beaucoup de moyens. Nous ne parlons pas là de dizaines de deniers mais plus de centaines voir de milliers : en frais de transports maritimes, en matériel et en rations, bières et autres remontants.
Et le problème est simple : nous ne sommes pas assez riches.
Mais la chasse ne résoudra pas tout : nous pouvons très bien nous retrouver dans des régions où nous ne rencontrerons aucun monstres ou dans d'autres où nous serons contraints de perpétuellement fuir les monstres sans possibilité de les tuer.
J'ai donc besoin de savoir dans quelle mesure vous savez dans quoi vous vous engagez, si vous avez quelques idées sur les directions à prendre et les éventuels villages où nous pourrions faire étapes.
Pour ce que je demande en échange, je suis plus embêté. Vous semblez appartenir à la Garde Franche. Vous seriez une indépendante, je vous aurais proposer d'intégrer les Alchimistes mais là .......
Cela me pose des soucis notamment sur l'échange de cartes, certaines étant ... confidentielles. Enfin, ce n'est pas grave, je suis prêt à me joindre à vous ... poir la beauté du geste dirons-nous.
Ce que je pense qui serait le plus adéquate, c'est que vous recrutiez une équipe pluridisciplinaire, chacun participant au pot pour financer l'expédition et s'entraidant lors de cette expédition que vous coordonneriez. Vous avez votre 1ere recrue, moi, il vous reste plus qu'à trouver une dizaine de volontaires n'ayant pas froid aux yeux. Bon courage et ne perdez pas espoir.
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La rôdeuse écouta attentivement l'alchimiste. Ses yeux s'arrondirent au fur à mesure de son discours. Quoi ? Des centaines de deniers ? Des milliers de deniers ? Pour de la bière ?
Faire des étapes ? Recruter des gens ? Coordonner ? Houlàlàlà... un recadrage s'imposait.
_ Je vous arrête tout de suite ! Je ne compte pas diriger une expédition. J'aime voyager, j'aime accomplir certaines choses, mais je n'attendrai certainement pas que des gens se décident, juste par manque d'argent ou peur de l'aventure !
La jeune femme le toisa d'un air plein de défi. Peut être était ce la jeunesse, peut être était ce autre chose. Quelque chose de profondément ancré en elle, qui ne la ferait céder devant personne.
_ Et puis c'est quoi cette histoire de Garde Franche ?
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L'homme semblait figé dans une posture étrange. Yokinoss secoua l'holoring plusieurs fois, afin de vérifier son fonctionnement. Non, ça ne semblait pas être de son côté.
_ Youhou ? Il est bloqué le machin ?
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Ronce soupira. L'impétuosité de la jeune fille rendait la conversation difficile.
"Non, ce n'est pas bloqué. Je réfléchissais à vos propos, c'est tout."
Le jeune archer ferma les yeux et reprit, doucement : "la Garde Franche est une coterie, une des plus importantes du monde d'Arkhan. Elle est basée principalement à Belerim, où justement vous souhaitez vous rendre. D'après divers renseignements, vous faites partie de cette coterie et y avez rang de valet. Aussi je m'interroge pourquoi vous réclamez partout de l'aide sans en demander à votre coterie, qui est pourtant très puissante."
Ronce s'arrêta, ses yeux semblèrent balayer les environs puis il continua, fatigué : "Je m'interroge d'autant plus que les relations entre les Alchimistes et la Garde sont ... elles ont été très froides.
Passons. Pour votre projet, si je comprends bien, vous ne souhaitez mener aucune expédition, vous souhaitez juste qu'on vous donne des deniers pour vous équiper et faire une partie du voyage. Soit. Cela peut se négocier. Je suis prêt à financer sur mes propres deniers une partie de votre équipement et certains d'entre nous, moi y compris, sont même prêts à vous accompagner. Mais autant être clair : si vous voulez pas de notre compagnie, vous n'aurez pas notre aide. "
Ronce avait légèrement haussé le son pour ce dernière phrase, puis il ajouta d'un air déterminé : "A juger par votre impétuosité, j'ai parfois l'impression que vous ne mesurez pas toute la difficulté de votre entreprise et me demande parfois même si vous savez dans quelle direction vous diriger. Par où comptez-vous rejoindre Belerim ? Par l'ouest ? Par l'est ? Comment comptez-vous traverser les océans ?" Puis il termina doucement : "Pourriez-vous me donner quelques éléments concrets pour me convaincre d'engager la vie de mes compagnons dans votre entreprise ?"
Ronce s'arrêta, les yeux visiblement ailleurs. "Recontactez moi plus tard, s'il vous plait, si possible avec des éléments de réponse. Il faut que je m'occupe sans plus tarder de ce cerf."
Et l'holoring s'éteignit.
Dernière modification par Ronce (07-12-2009 19:01:15)
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La vision disparut subitement, laissant Yokinoss seule devant sa potée. La bouche bée, elle contemplait l'holoring devenu silencieux. Les deux hommes au bar ne pipaient mot. Yokinoss ramena son attention sur son assiette et la finit. Les lèvres fermées, elle paya le tavernier, qui acquiesçait toujours, mais sans sourire cette fois.
Ces affaires étaient déjà empaquetées, aussi elle ne perdit pas de temps. Sac sur l'épaule, elle repassa par plusieurs échoppes, bazars, et autres et se dirigea vers la porte sud de la ville.
C'en était trop ! Passe encore de passer pour une "impétueuse", mais se faire traiter d'imbécile irresponsable et inconsciente, alors là ! A peine une lieue plus loin, franchissant un pont, un alchimiste lui souhaita la bonne journée.
_ Jette toi dans l'eau et lèche un crapaud ! Pis si ça suffit pas, va ramasser tes pâquerettes au cimetière ! Au moins comme ça tu risqueras pas de perdre une sandale si les coccinelles t'attaquent !
L'autre n'avait pas demandé son reste et était reparti les épaules basses. Les douze lieues qui suivirent ne furent qu'insultes et imprécations prononcées contre la coquetterie des Floraliens, des alchimistes, et surtout des alchimistes floraliens.
Ah, c'était impossible ? Il fallait de l'argent ? Il fallait monter une caravane de compagnons ?
_ Pffff ! Aventuriers de bibliothèques !
Une pensée lui revint en mémoire. Qu'avait dit l'autre mou déjà ? La Garde Franche ? Au Belerim ? Elle avait bien une personne à contacter. Mais allait elle le faire ? Sans arrêter de marcher, elle sortit l'anneau. De toute manière, ça ne pourrait pas être pire alors...
_ Salutations mon frère ! J'ai commencé mon voyage vers le Belerim. J'ai bien tenté d'attirer d'autres compagnons mais hélas, peu de floraliens semblent intéressés. Un individu du nom de Ronce, un important alchimiste de Six-Fleurs, outre de me prendre pour une idiote, m'a quand révélé une information intéressante. Elle prit une longue inspiration avant de continuer. Je ferais apparemment partie d'une coterie s'appelant la Garde Franche. Est ce que tu connais ? Est ce de ton fait ?
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Erkenbrand replia le bras pour porter son Holoring à ses yeux, affichant la silhouette tremblotante de la jeune inconnue qui s'était présentée comme sa sœur quelques jours auparavant :
"_ Salutations, ma sœur ! Comment vont tes affaires ? Toujours pas rendue parmi nous ?",ajouta-t-il avec un sourire narquois qui ne se voulait pas non plus méchant.
"_ Oublie ce trouble-fête de Ronce, il court après trop de blaireaux à la fois et ne parviendras à en attraper aucun s'il continue à prendre les gens pour des idiots. Nous avons déjà eu maille à partir avec lui avant qu'il n'intègre les Alchimistes républicains et c'est bien un Floralien : toujours à se plaindre et à suivre plusieurs sentes à la fois. Si encore il était jardinier ou vigneron, peut-être serait-il plus à sa place...
_ Il s'agit néanmoins d'un personnage important à Six-Fleurs et tu ne devrais pas le brusquer : il pourrait tout aussi bien décider de te prendre en grippe et te mettre des bâtons dans les roues plutôt que de t'aider. Mieux vaux le laisser vaquer à ses importantes occupations et trouver des compagnons de voyage plus "terre-à-terre" mais clairement intéressés pour explorer les contrées inconnues.
Le rôdeur prit une moue pensive en se remémorant les questions de la jeune femme.
_ Concernant ton intégration au sein de la Garde Franche, j'ai fait passer le mot de mon coté que tu étais ma protégée. Nous avons eu quelques relations diplomatiques avec Ronce et les Républicains, j'imagine qu'un garde lui aura fait part de ma considération à ton égard. Mais en prends pas cela comme un enrôlement forcé : nous sommes une coterie de mercenaires et nous ne recrutons pas dans les écoles pas plus qu'à la sortie des temples. Non... Habituellement, ce sont plutôt des hommes avides de sensations et d'aventures qui viennent nous voir pour tenter de s'enrôler. Des hommes et des femmes qui cherchent à fuir leur ancienne vie et à mettre celle-ci au service de leur nouvelle famille, de leurs frères et sœurs de la Garde Franche !
Tu as déjà pour ta part convaincu bon nombre de frères par ta décision de traverser les contrées hostiles entre Six-Fleurs et Belerim. Si tu succèdes dans ta quête et souhaites intégrer nos rangs, soit sûre que tu seras accueillie en sœur tant par moi que par nombre de mes frères ! Je suis fier de te compter dans ma famille et la majorité des gardes suivront avec un intérêt marqué ta progression. Mais nous verrons alors quelle jeune femme tu seras devenue et je ne doute pas que vents et marées auront eu raison de tes dernières faiblesses. Puisses-tu trouver les compagnons qui ne te feront jamais défaut et sauront te soutenir plus efficacement que ce Républicain de Ronce. Laisse-lui les mots et préfères l'action dont le résultat porte bien plus loin que les mots dans le vent ! Telle doit être la voie des hommes d'honneur. Courage et droiture plutôt que promesses et traîtrise. Ad unum ma sœur ! Ad unum...
Le garde franc fit un dernier clin d'oeil à sa surprenante sœur et coupa la communication. Il aurait un grand nombre de questions à lui poser une fois arrivée. Notamment de savoir pourquoi elle tenait son Holoring entre ses mains plutôt que sur elle comme la plupart des gens qu'il connaissait. Une mode floralienne peut-être ? Et puis cette manie de crier à chaque fois... Était-elle toujours énervée ou ne savait-elle pas qu'un Holoring restitue le son de la voie avec aussi bien justesse que volume ?
Heureusement que le rôdeur était au calme dans la coterie, il aurait eu l'air fin en recevant l'appel en pleine rue de la cité ou dans un des bouges comme celui dans lequel il comptait se rendre ce soir afin d'oublier l'absence de Lamia...
Dernière modification par Erkenbrand (09-12-2009 20:55:59)
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Allumant son holoring, Lyphanie prit une grande inspiration, comme si elle n'était pas sur d'elle. Sans doute par peur de voir Yokinoss refusé l'aide de la marchande principale des alchimistes républicains. Elle se lança pourtant:
-Bonjour Demoiselle Yokinoss,
votre projet me parait digne d'intérêt, je serais ravie de pouvoir y participer. Je me nomme Lyphanie, une jeune marchande floralienne pleine d'ambitions et connaissant déjà un peu Belerim et ses citoyens, je pourrais vous être utile. De plus, il y a des personnes que je souhaite revoir là bas. Mais j'ai entendu que votre voyage avait démarré, c'est exact? Où en êtes vous? Avez vous passé Port Six-Fleurs?
Je suis au Nord Ouest de Six-Fleurs, sur le chemin me conduisant à vous, si une aventurière sans un sous vous intéresse, je serais heureuse de vous accompagner. J'irais aussi loin que le climat et que mon corps le permettent.
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Doucement. Très doucement. D'abord la jambe gauche. BIen. La main droite ensuite. Ok. Le pied dr...
_ BIDIBIPBIP ! BIDIBIPBIP !
Le bruit déchira le silence de la plaine, faisant tourner les têtes des chiens sauvages droit sur la position de Yokinoss. Celle ci se releva, arrachant brusquement les ronces qu'elle prenait soin à éviter.
_ SALOPERIIIIIIIE !!! hurla t-elle en courant.
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Une bonne heure plus tard, complètement essoufflée, mais à l'abri dans un village, Yoki posa son sac et en sortit l'objet de la fuite. Ces objets semblaient avoir une mémoire interne. Elle écouta le message de la dénommée Lyphanie avec un grand plaisir.
Sauf que...
_ Salutations demoiselle Lyphanie ! Votre message me fait grand plaisir et j'accepterais votre compagnie volontiers.
Elle soupira un coup.
_ Par contre, je ne suis pas parti vers Port Six-Fleurs, mais au sud-ouest, vers le Hameau 214. Je compte longer le grand désert du Fléau par le Nord. On verra ensuite...
Une lueur étincela dans ses yeux, et un sourire apparu sur un visage fatigué.
_ Pour me rejoindre, la route est simple : descendez au sud, longtemps. Quand vous tomberez sur un embranchement, allez vers l'ouest. Suivez la route et vous arriverez au hameau. J'y fais une pause justement.
Mais concernant ce voyage, il faut que je vous prévienne : je ne suis pas une combattante ! Je ne pourrai surement pas vous protéger ! La fuite est ma tactique de combat !
Yokinoss laissa planer un silence, afin que sa correspondante réalise. Puis repris avec un grand sourire.
_ Alors ? Toujours partante ?
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Tout affolée, Lyphanie tourna trois fois sur elle même, puis regarda le chemin en face d'elle, fit deux pas en arrière et se positionna en direction du Sud-Ouest.
-J'arrive bientôt Demoiselle Yokinoss, n'avancez pas trop vite, dîtes moi les chemins à prendre et lorsque vous ferez une nouvelle halte dans un de ces hameaux floraliens isolés, nous pourrons nous rejoindre.
Pour ce qui est de la tactique du voyage, la fuite ne me pose pas de problème, je n'ai pas d'armes donc pas de quoi attaquer ni même défendre. Au moins, nous entraînerons notre endurance mutuellement.
Avez vous eu d'autres sollicitations pour suivre votre périple? Voulez vous que je repasse rapidement sur Six-Fleurs voir si des voyageurs sont prêts à partir?
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Yokinoss regagna le village en courant. Passe encore les chiens sauvages et les chevaux, mais les taureaux et les tigres, c'était une autre histoire !
Derrière les protections, elle posa enfin son sac et souffla. Un bruit de pas l'a fit se retourner. Une jolie jeune femme en robes rouges se présenta à elle.
_ Bonsoir Yokinoss ! Ce début d'aventure semble bien se combiner, les chevaux et autres chiens sauvages m'ont vu passer, mais à priori je n'étais pas à leur goût pourrait-on dire. A moins que ce ne soit la pluie qui leur ait caché ma présence... Peu importe en fait puisque je viens d'arriver dans le hameau où vous m'attendiez, je suis en train de visiter les lieux en attendant le nouveau départ.
_ Typhanie ! Ravie de te voir en chair et en os !
_ Savez vous si nous sommes encore en terres floraliennes? Y'a t-il une autorité dans le village? Je n'ai pas trouvé de réponse, les gens sont assez peureux, ou plutôt hésite à trop en dévoilé. Je sais pas vous mais leurs regards sont suspicieux comme si la venue de gens de la cité-Etat leur paraissait d'un mauvais présage.
Lyphanie faisait allusion aux regards méfiants que leur jetait la population.
_ Je n'ai pu ressortir aucun nom de ce lieu, voudriez vous qu'on leur en donne un? J'essaye de trouver le chef du village pour en savoir d'avantage.
_ Je ne sais pas qui dirige ce village et à vrai dire, je m'en préoccupe pas vraiment. Par contre je reviens de repérages, je suis un peu à bout... et malheureusement sûre qu'on ne pourra pas lutter contre les monstres. Si on se fait choper, faudra croiser les doigts pour se faire bouffer rapidement...
Yokinoss leva les yeux au ciel, le soleil n'était encore qu'une lueur lointaine.
_ Comment est ce qu'on va voyager alors ? Personnellement, le côte-à-côte & pas-à-pas s'avère inutile étant donné la force des monstres en face de nous !
Je propose que j'avance seule, en éclaireuse, et je vous transmets les informations par holoring pour que vous puissiez me rejoindre ?
Avez vous une autre idée sinon ? Je suis ouvert à toutes propositions !
La rôdeuse se remémora soudainement quelque chose d'important et la sortit de son sac.
_ Vous avez vu ça au fait ?
Elle exhiba fièrement un plan du monde connu d'arkhan :
_ C'est arrivé hier dans le village, et grâce à ça, on va pouvoir déterminer notre route. Nous sommes partis de Six-Fleurs, ici et nous nous rendons à Belérim, là. Sur le chemin comme prévu, le grand désert que nous longerons par le nord, ainsi qu'une chaîne de montagnes qu'il nous faudra gravir. J'espère que vous avez prévu des vêtements chauds ? Ensuite nous redescendrons droit vers Fizz afin d'y faire une pause. A partir de là je pense que nous devrions facilement retomber sur une route menant au Belerim !
Elle laissa Typhanie observer la carte et faire mentalement le chemin tandis qu'elle machouillait quelques racines.
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Lyphanie regardait attentivement la carte du roi antonien, le périple semblait autant ambitieux que dangereux, mais qu'importe, elle était là en connaissance de cause.
-Je suis d'accord avec vous pour le chemin à prendre. Longer et éviter le désert du fléau le plus longtemps possible semble la meilleure chose à faire. Par contre, j'espère que vous savez nager ou escalader car nous aurons sans doute besoin de l'un ou l'autre pour voyager.
La jeune marchande avait eu la satisfaction de rencontrer brièvement le chef du village quelques instants auparavant. Elle ne s'y était pas attardé, surtout à cause du caractère peu causant et méfiant de son interlocuteur, mais eu le plaisir d'apprendre le nom du hameau. Elle s'empressa de le communiquer à sa nouvelle amie.
-Yokinoss, ce village s'appelle Blanquet, vous pourrez mettre ça sur le carnet de voyage.
Elle réfléchit quelques secondes à l'organisation proposé par l'aventurière puis acquiesça positivement.
-Je pense que vos talents de rôdeuse seront plus utile que moi en première ligne si je puis dire. Je vous suivrais quand vous le jugerez bon.
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Le chemin était s'étendait aussi loin que pouvait porter le regard de la jeune femme. Et elle marchait depuis le début de la journée. Pour l'instant, aucun monstre n'avait détecté sa présence. Les taureaux broutaient au loin, et si jamais l'un d'entre eux semblait la regarder, elle hâtait le pas, sans se cacher, afin qu'ils se rendent compte de l'éloignement. Si jamais elle se cachait, cela les brusqueraient indéniablement et les forceraient à adopter une posture agressive.
Yokinoss se félicita d'avoir passer autant d'heures loin de l'école, à écouter les voyageurs de passage à Six-Fleurs. Tous ces conseils la servent mieux aujourd'hui qu'un stupide cours d'arrangement floral ou du ...
La rôdeuse s'arrêta et scruta l'horizon. Etait ce une tache là bas qui venait de bouger ? La jeune femme fit une centaine de mètres. La tâche avait disparu. Prudence, se dit elle, tandis qu'un léger picotement commençait à se faire sentir sur sa nuque. Elle continua son avancée non sans décélérer, mais en se cachant davantage derrière les hautes herbes de la plaine. Plusieurs centaines de mètres plus loin, une impression la fit se retourner juste à temps pour apercevoir la queue d'un tigre disparaître entre les arbres. Yokinoss ne chercha pas à tenter de le retrouver et se mit à courir comme jamais. Chaque seconde comptait, la distance qu'elle mettrait entre le tigre et elle devrait être maximal en un minimum de temps pour le dissuader de la poursuivre.
Une heure plus tard, essoufflée mais soulagée, elle entra dans le village qui se dressait devant elle. Très similaire à Blanquet, le village n'offrait aucun attrait en plus. Elle contacta Lyphanie. Cette dernière l'avertit que d'autres de ses compagnons allaient les rejoindre. Tous deux étaient alchimistes, la première du nom d'Anaé, l'autre s'appelant Keljin. Yokinoss les jaugea d'un rapide coup d'oeil. Autant Keljin semblait bien sur lui, comme de nombreux alchimistes pompeux qu'elle avait déjà croisé, autant chez Anaé, quelque chose la troubla. Sa peau, ses cheveux... avaient quelque chose de bizarre. Mais elle ne chercha pas plus loin et alla prendre du repos. Quand elle se réveilla, aucune trace des deux nouveaux. Elle ne réveilla même pas Lyphanie et s'en alla, comme d'habitude, en éclaireuse.
Aussi, de nombreuses lieues plus tard, elle fut surprise d'observer Anaé en train d'étudier un embranchement, juste devant elle.
Dernière modification par Yokinoss (16-12-2009 15:18:11)
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Yokinoss contempla la vaste étendue d'eau devant elle. La mer enfin ! Après ces meutes de loups qui l'avaient pourchassé, elle était heureuse de tomber sur un village. Le panneau "Bienvenue à Salterive" la troubla quand même. Au dernier embranchement, elle était partie au nord tandis qu'Anaé avait pris à l'ouest. le contact via holoring avait clarifié les choses. Mais après une courte visite de la ville, Yokinoss repartit vers le sud, vers là où les filles s'étaient posées.
En une journée, elle avait rattrapé son retard et arrivait à Lysmir. Elle déroula la carte et l'étudia.
La rivière qu'ils avaient suivi se jetait droit dans l'océan. Ce qui voulait dire qu'après avoir traversé ces méandres, il faudrait affronter le désert, puis les montagnes, pour ensuite rejoindre Fizz au milieu d'étendues sauvages.
Elle replia sa carte et repartit. La perspective de tout ceci déclencha une petite vague de frissons au bas de la colonne vertébrale de la rôdeuse. Elle en profita à fond et repartit de plus belle, en avant, toujours en avant.
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Le capitaine de la Garde Franche longeait depuis un petit moment déjà le sommet des gorges escarpées au fond desquelles coulait une rivière tout sauf tranquille. Tumultueuse et jeune, elle descendait de la grande chaine du fléau pour se jeter aux environs de Valmer dans le bras de mer qui séparait Qerb de Baratie au nord.
L'orage tonnait depuis plusieurs jours déjà mais celà ne gênait pas le rôdeur qui était habitué aux tempêtes, même si celles en montagnes étaient plus impressionnantes. Celà n'était qu'un avantage à ses yeux, les coups de tonnerre faisant fuir les monstres, hormis les Aiglons-tonnerre qui eux, planaient hauts dans le ciel, croisant dans les nuages chargés d'éclats de foudre afin de se nourrir ou de s'amuser, le rôdeur ne le saurait sans doute jamais...
Heureusement, le temps s'éclaircit enfin alors qu'il abordait la vallée de Valmer au petit matin. Quelque peu timide encore, le soleil jouait à cache-cache avec les derniers nuages déchargés de leurs lourds fardeau d'humidité. Des volutes filandreux accompagnaient le marcheur solitaire alors qu'il descendait dans la vallée, repérant les quelques fumées de cheminées du village au loin.
Il arrivat peu après midi au village, approchant avec circonspection. Les informations de Yokinoss étaient exactes : un imposant loup noir grognait en tournant du village, sautant de temps en temps sur la barricade déjà profondément griffée par endroits. Il allait falloir ruser...
Attendant que le monstre revienne, Erkenbrand se saisit d'un longue branche effeuillée qu'il avait été cherché un peu plus loin et patientat afin de saisir le meilleur moment. Il se leva, soudainement, et courrût sur le monstre terrifiant. Alors que celui-ci se retournait, averti par la cavalcade du rôdeur, Erkenbrand lança de toutes ses forces le baton juste au-dessus de la tête du loup. Celui-ci, craignant une attaque, se braqua sur ses pattes arrières et donna un coup de machoires sur la branche qui craqua en deux malgré sa verdure avec un puissant :
"SNAP !!!"
Le rôdeur s'élança à froler le monstre, fit un roulé-boulé afin d'éviter la patte vengeresse du monstre trompé et se jeta sur la porte du village entrouverte fugacement. Se relevant, il commença à s'époussierrer et jetant un coup d'ile sur le visage familier, il lui lança d'une voix presque calme :
"Docteur Yokinoss, I presume ?"
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Elle observa le visage de l'homme attentivement. Cheveux, barbe, ça ressemblait étrangement à ...
_ Mon frère ?
Elle l'observa attentivement. Le visage lui semblait effectivement familier. La couleur de peau était la même, légèrement tannée par le soleil et les épreuves. La manière dont ils se tenaient l'un face à l'autre était plutôt la même.
Elle lui tendit un bras. Pour un premier contact cela suffirait. De nombreuses heures de discussion les attendaient maintenant. Elle allait enfin pouvoir connaître sa famille, son vrai lieu d'origine, la raison de son éloignement, les ...
La perspective de recevoir autant de réponse d'un coup sembla choquer la rôdeuse. Toute sa vie semblait avoir été décidée pour elle, enfermée dans un cocon. Depuis qu'elle avait commencée son périple, elle avait l'impression de renaître, dans un monde plus dur et dénuée de sensibilité. Sauf quelque fois. Elle repensa à cet évènement récent et très perturbant. Lyphanie lui en voulait elle toujours ?
_ Bienvenue à toi, Erkenbrand mon frère ! Je suis ... ravi de notre rencontre, enfin ! La poursuite de mon voyage vers le Belerim s'en trouvera grandement facilitée. Mais notre départ doit attendre plusieurs jours. Une créature m'a blessée à la jambe bien que ... qu'une amie m'ait soignée. Nous allons donc avoir le temps de discuter, et je voudrais aussi que tu la rencontres, elle nous accompagnera jusqu'au Belerim, ainsi qu'une autre ... peut être !
Et tout en conversant de manière anodine sur la férocité du Loup Noir, ils se dirigèrent vers l'auberge.
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"Des amies ? Hum... Je serai enchanté ! Elle sont jolies ? Sacré loup noir, hein ? T'as vu comment je l'ai feinté ? "
Le rôdeur était connu pour être coureur de jupons et, quant bien même il s'agissait de sa soeur, il se faisait un devoir de l'impressionner par ses exploits et ses coups d'éclats contre les divers monstres qu'il avait rencontré. Il s'épancha donc largement sur le chemin de l'auberge, puis à l'auberge autour d'une bonne bière bien méritée.
Quelques temps plus tard, il loua une chambre pour eux deux et monta avec sa soeur afin de lui expliquer certaines choses de la vie qui lui avaient visiblement échappées lors de son enfance sans père. Après plusieurs heures enfermés ensemble, il sortit en refermant la porte doucement, la laissant se rposer reprendre ses esprits.
"Cà aurait pu être pire", se dit-il avec un petit soupir satisfait.
"Maintenant, il va falloir qu'elle digère et qu'elle apprenne à vivre avec et, qui sait, peut-être elle-même se fera à l'idée et accouchera-t-elle de quelque chose d'intéressant..."
Réglant la femme de l'aubergiste avec une oeillade appuyée, il régla la note et emporta quelques bières excellentes du cru local, aux notes douces-amères appuyées typiques des adrets de la vallée. La route allait être encore longue jusqu'à Lacrosse et il espérait que sa soeur parviendrait à couvrir le reste de la distance sans encombre. Quant à ses amies... Il les attendait de pied ferme, attendant de savoir de quoi et de qui il retournait...
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Yokinoss se remettait doucement de la discussion, et uniquement discussion, qu'elle avait eu avec son frère, ce gros dégoûtant au regard pervers...
Ce qu'il lui avait annoncé expliquait en grande partie pourquoi elle avait été éloignée de Belerim, à l'abri... et pourquoi elle ne s'y sentait pas chez elle. Et pourquoi Belerim ne serait pas son nouveau chez-soi.
Un futur apparaissait devant elle, loin, et elle savait pouvoir être guidé par lui. Mais où ? Comment ? Et pourquoi ? Ces questions trottèrent longuement dans sa tête. Quand elle n'y tint plus, elle sortit de l'auberge et chercha Lyphanie.
Mais elle tomba sur son frère. Celui ci discutait très vite dans son holoring, l'air soucieux. Quand il la vit, il se dirige droit sur elle.
_ Prépares tes affaires, on nous attends à Belerim. Le voyage sera long alors prends des vivres en suffisance et laisse l'inutile, il va nous falloir courir !
Elle ne trouva rien à redire, encore sous le choc des révélations de son frère de sang. Elle acquiesça rapidement, le laissant retourner à ses conversations tandis qu'elle cherchait la jolie marchande rousse du regard.
Celle ci discutait avec des habitants du village, tout en prenant des notes. Quand elles se virent, leurs regards se fuyèrent.
_ Est ce que ... on peut parler ?
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_ Woooh !
Des arbres avaient poussé par ici ! Yokinoss considéra le quartier d'un nouvel oeil. Gérontopolis ne lui sembla pas autant fleuri quand elle avait quitté Six-Fleurs. Mais cela faisait près d'un an, et elle avait eu le temps de voir des choses après une année à parcourir le monde. Et Six-Fleurs se révélaient en fait bien plus accueillante que les autres capitales des royaumes.
De la mer intérieure aux montagnes de la Désolation, de la forêt de Fizz aux étendues verdoyantes de Belerim, de la sauvage campagne stellesi au désert du Grand Fléau, et enfin ... le retour au point de départ. Une année entière ! Une année entière sans s'arrêter, sans passer plus d'une semaine au même endroit, à courir, observer, admirer, fuir, se cacher, nager, escalader, ramper, souffrir ... mais une année où le mot vivre avait pris tout son sens. Elle ne comptait plus le nombre de fois son ventre criant famine, où ses yeux pleurant de douleur, ses jambes lourdes de courbatures. Mais elle ne comptait plus non tous les matins où ouvrir les yeux avait été un délice de chaque instant, toucher de nouvelles choses, sentir des les vents chauds du désert, goûter de nouvelles saveurs de la Nature, ...
Désormais elle se sentait pleinement de ce monde, incorporé dans la nature aussi bien que n'importe quel animal. Elle avait sa meute, la Garde Franche, et savait qu'en cas de besoin, un soutien serait là à n'importe quel moment.
Elle se rappela momentanément de cet alchimiste pompeux qui l'avait prise pour une sotte incapable. Certes elle avait vite déchanté quand les chiens ou les loups lui courraient derrière. Mais jamais, jamais elle n'avait abandonné ! Et elle avait réussi ! Elle avait relié Six-Fleurs à Belerim par un itinéraire pédestre !
Il était maintenant temps pour elle de retourner voir Katastrophès. Celui ci n'avait pas voulu l'aider pour son premier projet mais sans doute serait il intéressé par l'itinéraire découvert ! Ou au moins pourrait il la récompenser elle, Anaé et Lyphanie, pour leur périple.
L'alchimiste et la ... voyageuse lui manquaient. Elle n'avait plus eu de nouvelles depuis leur arrivée à Fizz. Ayant retrouvé son frère, elle avait dû les abandonner sur le chemin... elle s'en voulait quelque peu. De tout ce qu'il lui avait manqué durant ce voyage, c'était bel et bien des compagnons.
Yokinoss respira un bon coup, elle arrivait devant la maison du doyen. Elle ne s'était pas spécialement changé, elle n'avait plus honte de sa tenue en peaux de bête et fourrures abîmées. Les deux gardes en faction devant la maison étaient encore en train de faire la sieste. Elle arriva silencieusement, tout comme elle avait appris à le faire lorsqu'il fallait fuir les meutes de chacals.
_ BONJOUR ! Les deux gardes sursautèrent. Ils réajustèrent leur casque en saluant l'inconnue. Je viens voir le doyen.
_ Z'avez rendez vous ?
_ Bien sûr ! Mon messager privé est arrivé il y a quelques jours pour m'annoncer !
_ Oh ... je vais voir s'il est disponible !
Elle ferma les yeux de consternation. En plus d'être incompétents, ils étaient stupides. Comment était il possible que Katastrophès leur fasse confiance ? A moins qu'ils ne soient aussi doué que lui pour tromper les apparences. Tout comme les cabots qui trainait la patte pour mieux vous sauter à la gorge ! Elle espéra que c'était le cas de ses gardes, car un intrigant qui voulait prendre le pouvoir n'aurait aucun mal à se débarrasser d'eux pour assassiner le doyen. Patiemment, elle attendit la réponse du garde. Le soleil n'était pas loin du zénith, le doyen devait être en train de manger. Mais faisait il concrètement autre chose ?
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La demande avait pris du temps. Yokinoss avait attendu quelques heures devant la maison du vénérable, goûtant même le plaisir de se tremper les pieds dans l'eau fraîche. Ils en avaient besoin. Les longs voyages sur les routes, ou ailleurs, les avaient forgé, entouré d'une corne épaisse. Puis lasse d'attendre, avait transmis une adresse aux gardes.
Elle repassa devant sa vieille maison où une nourrice l'avait élevée. Mais elle n'habitait plus là. Elle repartit sur les chemins ombragées de Six-Fleurs. Le tanneur accepta de l'abriter un temps en échange d'un travail journalier. Chez lui elle apprit les rudiments du métier du cuir. Elle était sûre que cela lui serait utile en pleine nature. Un pas de plus vers l'autonomie totale.
L'un des gardes vint la chercher. Elle se remit son paquetage sur les épaules et l'accompagna vers la demeure de Katastrophès. Une fois de plus, celui ci l'accueillit à table, enfin au déjeuner. Une bonne odeur de chocolat flottait dans l'air et des petits gâteaux étaient disposés sur une table basse devant une large fenêtre. le doyen l'attendait, mâchant lentement, avec un sourire complice sur les lèvres.
Ne te laisse pas avoir, se dit elle. Sois directe, sois franche.
_ Doyen, j'espère que vous vous rappelez de moi ? je me nomme Yokinoss. Voilà un an, j'ai fait le voeu d'aller vers l'ouest pour rejoindre Belerim. A l'époque vous m'aviez gentiment éconduite, et bien sûr, je ne vous ai pas écouté. Je suis partie bille en tête, droit vers l'aventure, marchant, courant, ne m'arrêtant que très peu. Ce fut dur, j'ai quelques fois douté, quelque fois eu envie d'abandonner, je ne le cache pas.
Elle jeta un regard par la fenêtre et contempla les fleurs afin de se rappeler la vie aventureuse qu'elle avait choisie.
_ Mais j'y suis arrivée. Accompagnée par d'autres jeunes femmes qui n'ont pas douté une seule seconde de leurs capacités. Nous avons contourné le désert, passé la mer, franchi les montagnes et couru dans la plaine. Nous avons accompli un exploit encore inégalé : nous avons cartographié la première route pédestre rejoignant Six-Fleurs au Belerim.
Elle regarda l'ancien dans les yeux, celui ci ayant fini de mâchouiller son biscuit.
_ Mais l'ironie nous attendait au bout du chemin : alors que nous venions de trouver un moyen de relier gratuitement nos deux capitales, les compagnies d'aéronefs décidaient de brader tous leurs tarifs !
Yokinoss soupira. La nouvelle les avaient totalement décontenancée, faisant paraître leur voyage comme totalement futile.
_ Mais cela n'est pas très grave, car de nombreuses routes restent à explorer. je suis certaine de trouver un chemin moins dangereux pour les jeunes voyageurs.
Elle se tourna alors vers le doyen, et se pencha au dessus de la table.
_ Je n'exige absolument rien de votre part, doyen, mais j'aimerais savoir si la ville de Six-Fleurs récompense ceux qui accomplissent des choses en leurs noms ? Car oui, c'est bien en tant que floralienne que j'ai accompli ce voyage, ou bien allez vous vous contenter de chaleureuses félicitations, une tape sur la tête et un gâteau sec ?
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Le silence plana un long moment. Katastrophès semblait regarder au loin, l'étendue verte de Six-Fleurs. Son corps ne bougeait pas d'un cil. Avait il oublié sa présence ? Etait il atteint du mal de l'oubli ? Yokinoss en doutait. Son esprit devait être en train de se préparer à pratiquer une entourloupe mentale digne de sa réputation.
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Ces derniers mots résonnaient dans la tête du Doyen de Six-Fleurs et lui donnaient un mal de crâne absolument fou ! Il gardait les yeux grands ouverts, perdus dans le lointain à regarder tout et rien à la fois.
C'était lui qui avait pris une claque sur la tête assurément. Non mais les jeunes d'aujourd'hui, avaient-ils encore le respect pour les anciens ?
Mais au fond de lui, il réfléchissait à tout ce que lui racontait la jeune aventurière.
Certes, lorsqu'elle était partie d'ici, elle n'était rien et ne représentait pas grand chose... ni même son projet.
Mais maintenant tout était bien différent... elle avait acquis une certaine notoriété en faisant tout ce chemin, c'était même la rôdeuse la plus connue de tout le continent, celle qui avait rallié Belerim par la route et surmonté ses nombreux dangers. Et elle était Floralienne qui plus est...
Oui, il fallait la récompenser... mais comment ?
De l'argent ? Pas question... elle pourrait voter contre lui lors des prochaines élections... à moins de s'assurer sa sympathie... oui, c'était cela qu'il fallait. S'il l'avait dans son camp, alors tout lui sourirait ! Le vieux Katastrophès sortit alors de son apparente torpeur :
_ Ce que tu as accompli est une prouesse digne des plus grands et des plus expérimentés. Je suis fier que ce soit une Floralienne, et qui plus est une citoyenne exemplaire telle que toi, qui soit parvenue à cet exploit reconnu dans le continent tout entier. Dis-moi donc, Yokinoss, qu'est-ce qui te ferait vraiment plaisir ? Ah, et goûte moi un peu ce succulent vin rouge ! ajouta-t-il en resservant un verre à son invitée.
Yokinoss respira d'un coup sec. Par le Vent, ça avait marché ! Katastrophès lui demandait ce qu'elle voulait ! Bon bon bon, pas de panique, pas d'empressement, restons calme. Il l'avait flatté, clairement, et même si ça faisait plaisir, il fallait se méfier.
_ Hé bien... je suis venu vendre la carte du trajet. J'aimerais que la ville l'achète afin de l'offrir gratuitement à tous les voyageurs désirant accomplir le périple. Je ne pense pas que les compagnies aériennes y opposent quelque chose, étant donné la dangerosité du voyage. Non, dans ma tête, il s'agit plus d'un exploit personnel que chacun pourra relever s'il se sent capable. Quant au prix, hé bien... comme je vous l'ai dit, nous étions trois floraliennes à faire le voyage, et je ne sais ce que les filles désireraient comme présents. Toutefois, dans mon cas, l'argent ne m'est pas utile.
Yokinoss retint sa respiration, voici le moment qu'elle attendait depuis le début de cet entrevue.
_ Dans les milieux sauvages, on ne peut compter que sur soi. Ce qui me serait grandement utile, ce sont des arkhanas, afin d'obtenir des relicartes pour devenir plus forte. Je n'ai aucune idée de ce que notre exploit peut valoir, mais je vous demanderai de le diviser en trois parts égales, ceci afin que mes compagnonnes puissent venir retirer leur part quand elles reviendront.
Un silence perdura quelque peu.
_ Euh je ne bois pas de vin, mais si vous avez du chocolat ...
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