Forum Arkhan

"Nibel ? Bah mon gars, c'est un tout p'tit hameau, ni plus ni moins !
On obéit qu'à not'chef ! Et encore, c'est qu'un gars com'nous. On le laisse décider et pis c'est tout ! On dépend d'rien d'aut'. Pas d'politique ici, que des gens sympas!"

Dernière modification par Paul Hisson (19-10-2010 14:30:14)

Le tavernier sortit un bière à son client le sourire aux lèvres. Elle était toute fraiche !
"Des soucis, oh là non, tout va bien ici ! Et le chef ben sûr, c'est l'antiquaire du coin qui s'occupe de tout ça !"

Dernière modification par Paul Hisson (19-10-2010 14:29:54)

Händlerson marchait aussi vite qu'il le pouvait en direction de la boutique du tanneur de six fleurs. Il ne voulait pas faire d'affaires après la tombée de la nuit. Cela attirait le mauvais oeil disait-on.

- Händlerson attend !

A cet appel, ce dernier se retourna et reconnu un vieil ami. Après quelques amabilités, ils décidèrent de passer la soirée à l'auberge. Tant pis pour les affaires, elles attendrons le lendemain.

- Alors, Händlerson, pourquoi es-tu couvert de bandages ? Tu t'es fait attaquer par un animal sauvage ?

- Même pas et je ne suis pas sûr que je croirais mon histoire si elle ne m'était pas arrivé directement. J'étais en train de braconner tranquillement quand un homme s'est jeté sur moi et m'a assommé. A mon réveil, j'étais couvert par ces bandages et je pensais avoir été la proie d'un bandit de grand chemin. Et bien non. J'ai reçu un message m'indiquant simplement que j'avais été surpris en plein braconnage par les garde-chasses de six fleurs. Et qu'ils avaient prélevés une amende directement dans ma bourse.

- Des garde chasses ? il n'y en a jamais eu à six fleurs.

- C'est ce que je croyais également. Et après vérifications dans mes affaires, il me manquait bien plus que l'amende dont ils m'avaient parlé.

- ouais, donc ce sont bien des bandits de grand chemin avec un nouveau déguisement.

- dans le doute j'ai quand même envoyé une plainte à ces gardes chasses concernant le surplus volé. Je ne pensais pas avoir de réponse et pourtant ils m'ont proposé une nouvelle rencontre pour me rendre mes affaires.

- pour t'en voler encore plus à mon avis. Tu as refusé j'espère.

- et bien j'étais moi aussi sceptique mais la rencontre avait lieu au bazar et je me suis dit qu'ils n'oseraient sans doute pas m'agresser en pleine ville.

- tu es quand même un peu cinglé d'avoir accepté cette rencontre.

- sans doute un peu mais le plus incroyable est qu'ils ont tenu paroles. Ils m'ont rendu les arkhanas, les deniers et la carcasse qui me manquaient. Ils ont juste gardé 7 deniers correspondant à l'amende.

- drôle de types.

- ouais je ne sais pas trop quoi penser d'eux. D'un côté ils m'ont agressé sauvagement sans prévenir et de l'autre ils ont fait un long chemin pour me rapporter mes affaires.

- ça voudrait dire qu'il y a vraiment une loi contre le braconnage ? j'en avais jamais entendu parler et des gardes chasses non plus d'ailleurs.

- en tout cas avant de repartir braconner je me renseignerai si je peux sur ces gardes chasses et sur les animaux protégés et ceux qui ne le sont pas. Quelques peaux qui se vendent mal, ne valent pas le risque de se retrouver avec des côtes cassées.

Paul resta de marbre, impassible. Pourtant, en son fort intérieur, la rage le consummait. L'aubergiste avait menti. Le chef du village était tout sauf quelqu'un de sympa. Paul serrait son bâton lâme de toutes ses forces pour ne rien laisser transparaître, hors du temps. Chaque seconde qui passait semblait durer une éternité. Il ne revint à lui que lorsqu'il entendit son arme se fissurer.

"Eh bien eh bien mon bon monsieur, en voilà des façons!
Certaines personnes décident de passer leur vie derrière un comptoir, bien au chaud. D'autres préfèrent l'aventure. S'il est vrai que je dors à la belle étoile et que je ne me lave que lorsque les eaux peu profondes de la rivière de six-fleurs me l'autorisent, je trouve regrettable que vous tombiez dans la caricature concernant mon alimentation. Voyez vous, votre aubergiste possède d'excellentes rations dont je ne me lâsse pas.

Pour répondre à votre question, Katastrophès, a accueilli mon compère avec beaucoup plus d'hospitalité que vous ne l'avez fait à mon égard. Et pourtant, le Doyen de Six-Fleurs était en plein repas. Cependant, l'étude qui lui a été présentée l'a tellement intéressé qu'il prit même le luxe de laisser de côté son bon repas pour en écouter la totalité.

Ce n'est qu'après avoir réfléchi quelques secondes, l'âge me direz-vous, qu'il se prononca. Les faits relatés étaient très intéressants mais le Doyen avait ses doutes quant à ce qu'il pourrait retirer d'une telle proposition. Sa seule préoccupation est de soigner son électorat, et nous nommer garde-chasse risquait de déplaire à certains.

Toutefois, vous avez raison sur un point. Le Doyen n'est pas resté sans rien faire et a ordonné à ses gardes de relâcher de nombreux rats en dehors de Six-Fleurs pour calmer les chats sauvages des environs. Mais tout ceci ne fait que reporter le problème à plus tard. Et je n'ai nullement l'intention de demander une audience auprès du Doyen à chaque fois que nos études montreront que l'activité humaine a des conséquences dramatiques sur la faune locale.

Je pense avoir répondu à vos questions, et j'espère que vous reconsidérerez notre offre un peu plus sérieusement."

Paul fixa l'antiquaire attendant une réponse. Parler lui avait fait du bien... beaucoup de bien. Il avait déversé sa rage dans chacun de ses mots et Paul avait progressivement retrouvé son calme. Après tout, Paul avait peut être jugé l'antiquaire trop vite. L'aubergiste était un bon gars; il ne pouvait pas avoir une opinion du chef du village aussi différente que celle que Paul s'était faite au premier abord.

Paul n'en revenait pas! Enfin ils avaient trouvé une oreille attentive à leurs études et le chef du village de Nibel s'était laissé convaincre qu'il fallait éprouver le courage de ce petit groupe de floraliens, pas comme ce vieux sénile de Katastrophès. Paul rumina en se remémorant le doyen qui avait envoyé paître son camarade. Yves n'était certes pas très malin et avait bien du mal à cacher son manque d'éducation, mais ce n'était pas une raison pour le traiter de la sorte. Paul se tourna vers l'antiquaire et lui dit :

"Mais bien sûr monsieur le chef du village! Vous avez très certainement de grosses responsabilités à assumer en tant que chef, et je ne vais vous déranger guère plus longtemps. Je m'en vais de ce pas rapporter la bonne nouvelle à mon compagnon de chasse, et nous allons nous atteler à la tâche sans perdre une minute. Nous serons de retour très bientôt! Professionnalisme, rapidité et efficacité sont notre leitmotiv"

Paul sortit de la boutique de l'antiquaire et s'en alla rejoindre son ami Yves qui attendait à l'entrée du village pour lui rapporter les informations qu'il avait glanées à Nibel. Yves, lorsqu'il apprit que le chef leur donnait une chance de se faire valoir, se mit alors à jubiler à grands cris, ce qui eut pour effet de mettre mal à l'aise Paul d'une part, mais aussi de rameuter deux autres floraliens qui erraient dans Nibel. L'un n'était autre que le guerrier alcoolique endormi devant l'auberge, et l'autre, un voleur revêtu de son plus beau déguisement qui, visiblement, ne trompait personne d'autre que son propriétaire - pitoyable pensa Paul.

10 grelots .... la quête risquait d'être longue ... surtout vu les piètres qualités au combat qu'Yves avait démontrées sur les rares corneilles qu'ils avaient rencontrées. Paul, visionnaire par moment, perçut en la curiosité du guerrier et du voleur une aubaine à saisir. A quatre, ils seraient plus forts, plus efficaces, mieux respectés.

Nick Oteen, le guerrier fut facile à convaincre. Le seul fait de devoir massacrer des chats sauvages à la pelle avait suffi à le rallier à la cause des garde-chasse. Thierry Marc Delamun, le voleur (mais était-ce bien son vrai nom?), quant à lui, était plus méfiant. Paul usa de sa plus belle prose pour attiser l'intérêt du voleur, mais rien n'y faisait. Impossible de trouver terrain d'entente. Thierry trouvait toujours un contre-argument aux propositions de Paul. La lutte qu'ils se tenaient s'était progressivement transformée en guerre de tranchées ... longue et usante. Ce n'est qu'après de longues heures de discussion que Thierry se résigna enfin, à moité convaincu. Thierry avait très vite accepté de se joindre à eux mais avait bataillé ferme pour que le groupe aille chasser des chevaux sauvages, et Paul avait eu le plus grand mal à lui faire comprendre que les grelots n'étaient portés que par des chats sauvages.

L'éradication des chats sauvages de la République de Six Fleurs dura 22 jours ... les gibecières se remplissaient d'autant que les jours passaient, quand enfin, à l'aube du 22ème jour, Yves dépeça le dernier chat porteur de grelot.
Yves et Paul rassemblèrent le butin du groupe et s'en allèrent tous deux à Nibel apporter leur récolte au tanneur, puis, s'en allèrent trouver l'antiquaire comme celui-ci l'avait demandé.

Les deux tours du verrou sortirent Paul de la léthargie dans laquelle le Chef du village l'avait plongé par son flot de paroles monotones. Doucement, quelques pensées lui vinrent à l'esprit, fragmentées ; "grelots", "vous la souhaite bien bonne" et cette phrase qui revenait sans cesse "Une fois que vous aurez ramené ces grelots au tanneur, revenez me voir, je tacherai de vous rétribuer pour le service".
Que s'était-il passé? Le Chef racontait son histoire, et ensuite deux bruits sourds d'une porte qui se ferme avaient retenti.
Une légère bise se leva, rappelant à Paul qu'il s'était fait reconduire en dehors de la boutique. Reprenant ses esprits, ce dernier se retourna, tambourina à la porte, hélant le Chef du village au travers du bois massif :
"Et cette récompense dont vous nous aviez parlé?"

Paul se voyait déjà arborant aux yeux de tous une médaille rappelant ô comment lui et ses compagnons avaient héroïquement sauvé Nibel d'un terrible désastre.

Paul l'avait mauvaise. Il n'avait pas pour habitude de se faire rouler dans la farine de la sorte.
Ils étaient venus en aide au hameau de Nibel, et Nibel leur avait tourné le dos de la pire façon qui soit, l'indifférence. Plutôt que de s'esquinter à tambouriner davantage sur la porte, Paul respira un grand coup et se dit que de toute façon, pour l'heure, il n'y avait point grand chose à faire que de s'en aller retrouver ses compagnons de chasse pour leur annoncer la nouvelle. Paul se surprit à penser de la sorte ... ce n'était point dans ses habitudes. Avant de s'en aller rapporter la mauvaise nouvelle à ses compagnons de chasse, Paul écrivit de sa plus belle plume, sur un morceau de papier récupéré d'une manière que la morale publique nous interdit de dévoiler ici-même, le texte suivant et le glissa sous la porte de l'antiquaire :

"Monsieur le chef du Village,

Je ne sais ce qui vous a poussé à me reconduire aussi rapidement alors que je me délectais de vos exploits concernant la traque à l'ours, mais vous aviez très certainement vos raisons et je les respecte.
Nous n'avons pas eu le temps d'aborder le sujet de la rétribution dont vous nous aviez parlé, et, ne pouvant rester plus longtemps sur Nibel, nous n'aurons pas l'occasion d'en reparler de si tôt.
Pourriez vous toutefois, en gage de votre gratitude, faire parvenir à Monsieur Katastrophès, doyen de Six-Fleurs, une note officielle relatant les actions menées par les floraliens Yves Hamtuë,  Nick Oteen, Thierry Marc Delamun et Paul Hisson, en vue de rétablir l'harmonie autour de Nibel?

Paul Hisson"

Paul regagna alors la porte de Nibel en remontant le chemin de terre jusqu'au Nord. Il dépassa une voleuse du nom de Zorbak, la salua, et poursuivit sa route pour retrouver ses compagnons de chasse à l'extérieur de Nibel. La nouvelle n'allait pas être prise de gaieté de coeur.
Paul s'efforça de relater les évènements avec le plus de motivation possible afin de ne pas décourager davantage ses compagnons. Il en alla même à improviser un plan qui, il en était sûr, redonnerait espoir à ses compagnons. Il se risqua même à glisser quelques mots alchimiques histoire de donner un peu plus d'importance à son discours. Malgré cela, Nick et Thierry étaient dévastés. Seul Yves semblait prendre la nouvelle avec plus de philosophie.

Sur la route du retour, au moment ou vous rejoignez vos compagnons de route, vous voyez arriver, ventre contre terre, un gamin d'un dizaine d'années. Non sans mal, il s'arrête prés de vous en dérapant sur deux bon mètres. Essayant de prendre sa respiration, il vous tend un parchemin en baragouinant quelque chose d'incompréhensible.

MesSeigneursc'estmonpapaquim'envoiec'estletanneur
duvillageilavuelemotquevousavezlaissésurlaporteduchefduvillage.

Le gamin vous tend votre parchemin.

Monpapailm'aditdevousdirequec'estpaslapeinedemettre
desmessagesauchefduvillageparcequ'ilestpartipourunlong
voyageàYvregrainparcequesatataelleestmaladeetqu'ildoit
l'aideràlamaisonparcequesontontonilestmortl'annéedernière
d'uncoupdecorned'untaureauetquelamaisonelleestgrandeet
qu'ildoits'occuperdesmoutons.

Aussitôt délivré son message, le gamin repart en trombe vers Nibel.

Dernière modification par Paul Hisson (19-10-2010 14:31:41)